Bloomkoen
BLOOMKOEN BY KOEN D’HIET
«Tapisseries mille-fleurs du Moyen âge, créations d’Arts&Crafts, puis de l’Art nouveau, toiles de Jouy… multiples sont les exemples des liens profonds et des collaborations entre art et artisanat ; un principe fondateur du mouvement «Arts&Crafts» était que l’art devrait se retrouver partout, même dans les objets fonctionnels du quotidien, comme le papier peint…
Le motif floral occupe une belle part de ce qu’on appelle parfois un peu dédaigneusement l’art décoratif ; or, avant la mécanisation du début du XIXième, les papiers peints conservés à la BNF provenaient de dessins et peintures d’artistes gravés sur planche en bois : une planche par couleur, jusqu’à vingt planches pour un motif 1.
C’est dans cette riche tradition que s’inscrit Koen D’hiet.
Son amour du textile et du papier peint vient des souvenirs d’enfance, la maison des grands parents, l’atelier de couture maternel. Il s’est formé à ce métier d’art et s’est installé en tant que designer textile et surface. Pour l’instant ses papiers sont tirés numériquement, mais il espère pouvoir un jour les graver à l’ancienne.
On va pouvoir admirer tout d’abord des carnets, support de ses créations, réalisés à partir de gouaches, acryliques et dernièrement encres et peintures végétales : de petits chefs-d’oeuvre où le motif, plus géométrique au départ, se poétise, chatoie en arabesques, se dore parfois et se pare de toutes les tonalités. Il présente également de grandes toiles réalisées pour le lieu, des tondi (au format rond, inspirés de la Renaissance italienne), deux paravents peints, un sur toile et un sur tissu, des papiers peints confiés à l’Isérois NeoDko pour l’impression, une recherche sur tissus éco-responsables en coédition avec Catherine Mettelal.
Immersion dans la couleur, luxuriance, stylisation qui peut toucher parfois à l’abstraction… Comme Marcel Proust face au papier peint de son cabinet de toilette, nous voilà plongés au coeur « d’une sorte de coquelicot pour regarder le monde 2», que du coup l’on voit tout autre. « Le matin fleurissait comme un sureau » écrivait Giono. Et Gaston Bachelard de renchérir : « Car toutes les fleurs parlent, chantent, même celles que l’on dessine. On ne peut dessiner une fleur, un oiseau en étant taciturne »3.
C’est à ce chant du monde que nous invite Koen D’hiet : un concerto d’émotions tendres et sensuelles, un bain de jouvence, une beauté qui fait du bien.»
1 Murs de Papier, l’atelier du papier peint, 1798-1805, Christine Velut et Marie Caroline Dufayet, édition BNF
2 A la recherche du temps perdu
3 La Poétique de l’espace, Chapitre VII La Miniature
Texte Janine Lautier- Desmazières (octobre 2022)